lundi 1 septembre 2014

Le photographe, la ville et le temps

De la force du temps, Josias Gob ou la collision architecturale d’une vision temporelle de la ville

Josias Gob, photographe de son état, tel l’artiste qu’il est, nous a déjà offert une palette très complète de ses multiples talents. Photographe de mode captant la beauté des femmes, il a su réveiller le soyeux des  étoffes. Fait assez rare pour être souligné,  il a su également faire vibrer les strates de mines à ciel ouvert en nous présentant une vision captivante du monde industriel. Son style d’exception pour le portrait, que ce soit la magie de l’enfance ou le sérieux de dignitaires, est signe d’une intelligence du cœur. Son approche des figures ‘’corporate’’ est si atypique, qu’on y retrouve une touche presque fashion. Avec son regard inquisiteur, il cultive néanmoins le tact et la délicatesse pour nous révéler l’indicible fragilité de ses modèles, faisant sourdre des profondeurs, un instant de grâce pour capturer leur présence unique.

Un procédé archaïque pour une vision contemporaine

Une nouvelle étape dans la vie de l’artiste, la confrontation au temps qui passe dans une relecture personnelle de la ville. Toute une réflexion étaye sa nouvelle série sur l’architecture. Dans sa démarche, il change de ton, son regard se meut vers un questionnement sur le temps. Il y a superposition, juxtaposition des visions pour celui qui regarde la photo.En un cliché, avec une vitesse lente de prise de vue, le photographe prend le temps d'exposer la première scène à la lumière puis cache manuellement l'objectif et se déplace pour faire une deuxième étape. Il s'agit d'une photo unique, sans utilisation de logiciel de retouche, à une ou multiples expositions. Le procédé ancien permet d'obtenir un cliché unique d'une modernité surprenante. Du grand art.



Chicago et Griffingtown, un air de parenté

On inscrit le passé et le présent pour faire naître un instant les possibles, capturer l’essence même de la mutation d’un quartier, d’une rue : le meltingpot dans toute sa splendeur. Comment souligner l’âme d’un endroit donné à un moment précis ? Comment s’ancrer dans le passé et s’affranchir du présent  pour ébaucher un avenir ? On est dans le poétique très pragmatique, dans le concret visionnaire. Un regard différent, celui de l’artiste.

C’est un portrait de la ville confrontant les édifices en transparence, c’est un carambolage des points de fuite pour être plus dans le présent. Josias Gob travaille la superposition comme un archiviste de la ville, en faisant se côtoyer le temps et l’espace. C’est la rencontre des improbables. C’est une vision puissante qui nous offre une perspective inusitée. On y parle de matériaux, de transparence, de densité, de notre histoire à travers la pierre, le béton, l’acier et le verre. On y témoigne d’hier et d’aujourd’hui. C’est le monde en marche, notre monde, notre ville. Montréal.

Citoyen du monde Josias Gob travaille sur un projet similaire à Toronto et New-York.


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