Venise. Cette année, le mois de mars m’a offert le bonheur
de vivre quatre jours de soleil, d’art et d’amitié. La Sérénissime m’a dévoilé
ses trésors toute en simplicité et authenticité, loin des clichés sirupeux de
mauvais goût et du kitsch mercantile. Parenthèse
maritime, pleine de lumière qui m’a permis de souffler, un peu. Effluves
marines qui m’ont apaisée, me rappelant la douceur, la fluidité, la force de l’amitié,
la chance des rencontres, les cadeaux de la vie.
On porte chacun des fardeaux que nous sommes seuls à brandir
au soleil comme des offrandes à des dieux
psychopathes que nous nourrissons à les en faire devenir obèses. Comme si ces
valises alourdies de peines obsolètes, gages effroyables et dérisoires du passé
étaient garantes de la véracité de nos vies, comme si nos existences dépendaient
de ses malheurs petits et grands que nous cultivons avec tant d’ardeur souvent
à notre insu. On ne se remet jamais tout à fait des possibles nuls et non
avenus.
Je voulais dire que chaque chagrin apporte avec lui la
consolation. Cette consolation totale et irrévocable qui nous libère. L’épreuve
du feu demeure cependant. Pas de passe-droit, pas d’exception, pas d’échappatoire.
Il faut se lancer dans le vide chacun à sa mesure. Il nous faut traverser le
feu, affronter le dragon, sauver la princesse. Oui. Mais la consolation est
présente. À nous de la cueillir, de la bercer, de la choyer, de lui faire une
place dans nos vies, la place de choix. Ce séjour amical à Venise, entre art, mer
et soleil fut une place de choix.
Je voulais dire à toutes les femmes que j’ai le bonheur d’avoir
côtoyées que, grâce à elles, ma vie est plus pleine, plus rebondie, plus joyeuse,
plus sereine et plus douce. Cette sororité a nourri mon adolescence, inspiré ma vie de jeune femme et je prends
conscience maintenant que toutes ces années ce fut un des piliers de ma
construction intime, de mon équilibre. Vous êtes chacune pour moi, à votre
manière si personnelle, richesse, sécurité, partage et réconfort.
Je ne témoignerai jamais assez de la force que procure une
amitié qui défie le temps. Petits cailloux blancs laissés sur nos chemins
parfois chaotiques et même ténébreux. Ces
amitiés féminines nourrissent la femme que je suis pour le meilleur.
N’y voyez aucun sexisme. J’aime les hommes et leur compagnie
me ravit. Ici il s’agit plus d’une
proximité, une relation de l’ordre de l’intime que je n’ai vécu qu’avec des
femmes, jeunes ou moins jeunes tout au long de ma vie. Ce mélange d’espace, de
fluidité et de compagnonnage au sens littéral du terme est une des particularités de l’amitié féminine que
je goûte avec grand bonheur.
Il y a celles qui nous font rire, celles qui exigent de nous
le meilleur, celles qui partagent, enrichissent, embellissent, stimulent,
ouvrent, offrent, nous font découvrir de nouveaux horizons, nous interpellent,
nous aident… avec qui on pleure, on crie, on rit, on va au cinéma, au concert,
on critique des livres ou la mode, on construit des châteaux en Espagne, on partage
un thé ou des idéaux, on voyage au coin de la rue ou au bout du monde. On
partage l’essentiel, un essentiel. Il y a celles qui ont tout compris mais ont
du mal à passer à l’acte (comme nous), il y a celles qui sont si différentes de
nous que parfois ça nous gêne… mais on aime. On les aime. Parce qu’au fond c’est
ça l’amitié. Une histoire d’amour.
Et en amour, il y a aussi des pertes. Il y a de ces amitiés
qui s’évanouissent, sans pleurs ni heurts. Juste le temps qui passe, un
déménagement, les enfants qui grandissent, le tourbillon de la vie. Nos vies s’éprennent
de routes différentes, nos couleurs qui ne s’accordent plus… Cela commence par
une sensation d’étrangeté, une petite gêne, un vide minuscule, des incompréhensions affligeantes de non sens.
Puis, sans qu’on y prenne garde, on constate que c’est fini. Elle ne nous
téléphonera plus trois fois par semaine, on ne lui ramènera plus de cadeau du
bout du monde, on ne connaîtra pas son prochain projet. Cette amitié était un
cadeau, on doit maintenant accepter le lâcher-prise et respirer, profondément.
Et il y a aussi celles qui partent pour de bon. Celles dont
le destin se termine avant le nôtre et dont l’absence sera présente longtemps,
trop longtemps. Peut-être jusqu’au bout, notre bout à nous.
Et c’est un chagrin, un grand chagrin.
Je me souviens des
semaines, des mois que j’ai partagés avec mon amie B. pour son grand départ. Elle était une femme magnifique,
pleine de vie, au rire contagieux. Elle était chaleureuse et pleine d’humour, pleine
d’amour. Son ouverture au monde m’émerveillait. Son énergie, son empathie pour les gens me
touchaient profondément. Cet accompagnement a été un très grand cadeau pour moi.
Partager avec elle son élan de vie, sa rébellion face à la douleur, son
cheminement intérieur, son acceptation de la mort, ne fut pas dérisoire. Je me
sentais inutile certes. cependant j’étais là. Nous avons vécu ça ensemble.
Ce partage a donné une toute autre dimension à notre amitié. J’ai été très privilégiée de pouvoir vivre ça avec elle.
Amitié de prime jeunesse qui perdure avec une verdeur
réconfortante ou amitié toute neuve dont on se pare comme d’un collier de
fleurs sauvages au printemps, la délicatesse est de mise. On partage les émois, les effrois, nos doutes, nos rides et nos
amours. Entre légèreté et profondeur, entre fluidité et encrage, la force de
cette sororité est la liberté et le partage.
À mes amies, à mes sœurs d’ici ou d’ailleurs, merci.
À mes amies, à mes sœurs d’ici ou d’ailleurs, merci.
Après Venise, ce projet de voyage ensemble… on part quand ? Pour quelle destination ?
*
Peggy Guggenheim Collection Venice
www.guggenheim-venice.it
Palais des Doges
www.palazzoducale.visitmuve.it
La douane de mer
www.venise-tourisme.com/dogana-di-mare
La Biennale de Venise
www.labiennale.org
Marché du Rialto un jour d'aqua alta
www.youtube.com/watch?v=Vcgri0nFw0w
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