mercredi 11 juin 2014

Venise, nos rides, leurs amours et les miennes tout ensemble.

Venise. Cette année, le mois de mars m’a offert le bonheur de vivre quatre jours de soleil, d’art et d’amitié. La Sérénissime m’a dévoilé ses trésors toute en simplicité et authenticité, loin des clichés sirupeux de mauvais goût et du kitsch mercantile.  Parenthèse maritime, pleine de lumière qui m’a permis de souffler, un peu. Effluves marines qui m’ont apaisée, me rappelant la douceur, la fluidité, la force de l’amitié, la chance des rencontres, les cadeaux de la vie.

On porte chacun des fardeaux que nous sommes seuls à brandir au soleil comme des  offrandes à des dieux psychopathes que nous nourrissons à les en faire devenir obèses. Comme si ces valises alourdies de peines obsolètes, gages effroyables et dérisoires du passé étaient garantes de la véracité de nos vies, comme si nos existences dépendaient de ses malheurs petits et grands que nous cultivons avec tant d’ardeur souvent à notre insu. On ne se remet jamais tout à fait des possibles nuls et non avenus.

Je voulais dire que chaque chagrin apporte avec lui la consolation. Cette consolation totale et irrévocable qui nous libère. L’épreuve du feu demeure cependant. Pas de passe-droit, pas d’exception, pas d’échappatoire. Il faut se lancer dans le vide chacun à sa mesure. Il nous faut traverser le feu, affronter le dragon, sauver la princesse. Oui. Mais la consolation est présente. À nous de la cueillir, de la bercer, de la choyer, de lui faire une place dans nos vies, la place de choix. Ce séjour amical à Venise, entre art, mer et soleil fut une place de choix.


Je voulais dire à toutes les femmes que j’ai le bonheur d’avoir côtoyées que, grâce à elles, ma vie est plus pleine, plus rebondie, plus joyeuse, plus sereine et plus douce. Cette sororité a nourri mon adolescence,  inspiré ma vie de jeune femme et je prends conscience maintenant que toutes ces années ce fut un des piliers de ma construction intime, de mon équilibre. Vous êtes chacune pour moi, à votre manière si personnelle, richesse, sécurité, partage et réconfort.

Je ne témoignerai jamais assez de la force que procure une amitié qui défie le temps. Petits cailloux blancs laissés sur nos chemins parfois chaotiques et même ténébreux.  Ces amitiés féminines nourrissent la femme que je suis pour le meilleur.

N’y voyez aucun sexisme. J’aime les hommes et leur compagnie me ravit.  Ici il s’agit plus d’une proximité, une relation de l’ordre de l’intime que je n’ai vécu qu’avec des femmes, jeunes ou moins jeunes tout au long de ma vie. Ce mélange d’espace, de fluidité et de compagnonnage au sens littéral du terme est  une des particularités de l’amitié féminine que je goûte avec  grand bonheur.

Il y a celles qui nous font rire, celles qui exigent de nous le meilleur, celles qui partagent, enrichissent, embellissent, stimulent, ouvrent, offrent, nous font découvrir de nouveaux horizons, nous interpellent, nous aident… avec qui on pleure, on crie, on rit, on va au cinéma, au concert, on critique des livres ou la mode, on construit des châteaux en Espagne, on partage un thé ou des idéaux, on voyage au coin de la rue ou au bout du monde. On partage l’essentiel, un essentiel. Il y a celles qui ont tout compris mais ont du mal à passer à l’acte (comme nous), il y a celles qui sont si différentes de nous que parfois ça nous gêne… mais on aime. On les aime. Parce qu’au fond c’est ça l’amitié. Une histoire d’amour.

Et en amour, il y a aussi des pertes. Il y a de ces amitiés qui s’évanouissent, sans pleurs ni heurts. Juste le temps qui passe, un déménagement, les enfants qui grandissent, le tourbillon de la vie. Nos vies s’éprennent de routes différentes, nos couleurs qui ne s’accordent plus… Cela commence par une sensation d’étrangeté, une petite gêne, un vide minuscule, des incompréhensions affligeantes de non sens. Puis, sans qu’on y prenne garde, on constate que c’est fini. Elle ne nous téléphonera plus trois fois par semaine, on ne lui ramènera plus de cadeau du bout du monde, on ne connaîtra pas son prochain projet. Cette amitié était un cadeau, on doit maintenant accepter le lâcher-prise et respirer, profondément.

Et il y a aussi celles qui partent pour de bon. Celles dont le destin se termine avant le nôtre et dont l’absence sera présente longtemps, trop longtemps. Peut-être jusqu’au bout, notre bout à nous.
Et c’est un chagrin, un grand chagrin. 

Je me souviens des semaines, des mois que j’ai partagés avec mon amie B. pour son grand  départ. Elle était une femme magnifique, pleine de vie, au rire contagieux. Elle était chaleureuse et pleine d’humour, pleine d’amour. Son ouverture au monde m’émerveillait.  Son énergie, son empathie pour les gens me touchaient profondément. Cet accompagnement a été un très grand cadeau pour moi. Partager avec elle son élan de vie, sa rébellion face à la douleur, son cheminement intérieur, son acceptation de la mort, ne fut pas dérisoire. Je me sentais inutile certes.  cependant j’étais là. Nous avons vécu ça ensemble. 

Ce partage a donné une toute autre dimension à notre amitié. J’ai été très privilégiée de pouvoir vivre ça avec elle.

Amitié de prime jeunesse qui perdure avec une verdeur réconfortante ou amitié toute neuve dont on se pare comme d’un collier de fleurs sauvages au printemps, la délicatesse est de mise. On partage les émois, les effrois, nos doutes, nos rides et nos amours. Entre légèreté et profondeur, entre fluidité et encrage, la force de cette sororité est la liberté et le partage.
À mes amies, à mes sœurs d’ici ou d’ailleurs, merci.



Après Venise,  ce projet de voyage ensemble… on part quand ? Pour quelle destination ?

*

Peggy Guggenheim Collection Venice
www.guggenheim-venice.it

Palais des Doges
www.palazzoducale.visitmuve.it

La douane de mer
www.venise-tourisme.com/dogana-di-mare

La Biennale de Venise
www.labiennale.org

Marché du Rialto un jour d'aqua alta
www.youtube.com/watch?v=Vcgri0nFw0w

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